Viande de Martin Harnicek (Trad. Benoît Meunier)

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« En pays cannibale, le cannibalisme est moral » – Samuel Butler

Manger ou être mangé, c’est le sort réservé aux animaux sauvages mais c’est aussi le destin des personnages de Viande.

Dans une ville indéterminée, dans une époque post-apocalyptique, la société est divisée en trois grandes catégories : les bouchers, les policiers et les autres. Pour vivre ou plutôt survivre, il faut aller dans les halles, coeur battant de la cité pour échanger ses tickets de rationnement contre de la viande, il n’y a plus en ville d’autre aliment disponible. D’où vient cette viande ? C’est le voisin, le passant qui a été abattu et débité pour nourrir les habitants. Manger est l’obsession de tous, quitte à tuer clandestinement son prochain au péril de sa propre vie car l’acte de tuer est réservé à une seule catégorie de personnes.

La lecture de Viande est éprouvante et rappelle Le soleil vert (film américain de Richard Fleisher – 1973). Chacun ne pense qu’à lui, à sa survie et surtout accepte le système qui lui est imposé sans chercher une autre voie tant le conditionnement est fort et le libre arbitre inexistant. Cette autre voie existe pourtant, notre « héros » saura-t-il la saisir ?

Viande a été écrit en Tchécoslovaquie avant la chute du Mur et illustre parfaitement l’asservissement des personnes par un système arbitraire tellement oppressant que personne n’ose le remettre en question, chacun participant même à la survie du système tout en sachant que tôt ou tard, il en sera la victime. Viande pourrait être une métaphore de la Corée du Nord ou de la Russie…

Editions Monts Métallifères – 2024 – 133 pages

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