« Nous tenons de notre famille aussi bien les idées dont nous vivons que la maladie dont nous mourrons. » – Marcel Proust
Ton absence n’est que ténèbres est un livre difficile à résumer : un homme se réveille dans une église. Il ne sait plus qui il est, sa mémoire s’est enfuie.
Le personnage principal se trouve dans un fjord, il va croiser ses habitants qui tous ou presque le connaissent mais lui ne les reconnaît pas, il a perdu la mémoire mais cela ne l’empêche pas d’être la mémoire des autres personnages du récit.
Ton absence n’est que ténèbres retrace l’histoire d’une famille islandaise sur un siècle, de l’Islande pauvre, peuplée de pêcheurs qui ne résistent pas toujours à l’appel du large en quête d’une vie plus facile à l’Islande moderne d’aujourd’hui. Qui est le narrateur amnésique ? La mémoire des personnages qui émaillent le roman, une représentation de la mort qui nous accompagne tout au long de notre vie ? Je n’ai pas la réponse mais y en a-t-il une ? Le lecteur est en constante instabilité comme le roman, construit comme un puzzle dont les pièces s’emboîtent au fur et à mesure pour constituer à la fin un tableau complet.
Jon Kalman Stefansson écrit dans un style à la fois très contemporain et très poétique. Il décrit la beauté de l’Islande et des fjords, la nature rude voir hostile qui façonne les paysages et les âmes.
Ton absence n’est que ténèbres est un voyage en terre inconnue, à la découverte de l’âme islandaise , duale à l’image du pays qui sous la glace cache le feu.
Editions Grasset – 2022- 604 pages