On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille (Maxime Le Forestier)
Numéro 4 d’une famille de 10 enfants, William Guidon de Repeygnac nous raconte la vie de sa trop grande famille. Entre Toto, le père, baron, dont la famille est ruinée depuis bien longtemps et la mère, bourgeoise, qui a surtout épousé un titre, la famille vivra une sorte d’enfer.
Les grossesses se succèdent sans que l’on prenne la peine de se soucier vraiment des enfants déjà nés et surtout sans se demander comment ils pourront être élevés. Non, l’essentiel est de « tenir son rang », de sauver les apparences à tout prix.
Une culture catholique bien ancrée (ce qui explique le nombre d’enfants), une volonté de paraître (ce qui explique les dettes), des opinions politiques d’extrême droite, proches de l’OAS (la France est empêtrée dans ce que l’on a longtemps pudiquement appelé les « événements d’Algérie » ; et les enfants dans tout ça ? Pour eux, entre les cris, les huissiers, les crises d’hystéries réelles ou supposées, la déscolarisation pour certains d’entre-eux, c’est la grande débrouille vue à travers les yeux de William, à hauteur d’enfant.
La famille est un sujet de roman inépuisable. Après Vipère au poing d’Hervé Bazin, Priez pour nous est l’un des grands romans de l’enfance mal aimée et de fait maltraitée. La vie de cette famille hors norme oscille entre le désespoir et la honte avec ici ou là quelques moments de bonheur. Mais chez Lionel Duroy ni mélo, ni pathos, ce qui rend le propos plus fort encore.
Dans le Chagrin, un ouvrage écrit bien plus tard, la même enfance vue à travers les yeux de l’auteur à l’âge adulte mettra l’accent sur les effets délétères de ces conditions de vie sur l’adulte qu’il est devenu
Editions J’ai Lu – 2011- 320 pages