« Couvrez ce sein que je ne saurais voir » – Molière
Une jeune laitière de Quimper est déportée en Nouvelle Calédonie après avoir tué son mari. Il avait marqué son sein au fer rouge comme on le fait au bétail. L’enfant qu’elle portait lors de son arrestation naîtra en prison et sera confié à un orphelinat. Toutes les descendantes (c’est une famille de femmes !) auront maille à partir avec leur poitrine.
De prime abord, j’ai cru que Place Médard était un roman traitant de la psychanalyse *transgénérationnelle. Il y a bien quelque chose de cet ordre mais l’auteur n’a pas exploité à fond cet aspect du livre. Roland Boudarel s’est plutôt attaché à creuser les relations intrafamiliales des personnages ; mère forte et peu aimante, fille en retrait, père effacé voire inexistant, un schéma qui se reproduira à plusieurs reprises. Toutefois, l’une des héroïnes, Orane, a une histoire particulièrement riche et émouvante. Elle est, à mon avis, la colonne vertébrale du livre, les autres personnages restent un peu en-deçà.
Place Médard me laisse un peu « sur ma faim ». J’aurais préféré que l’histoire se concentre sur deux générations au lieu d’explorer une descendance plus élargie ce qui édulcore le propos.
*courant de psychanalyse qui prétend qu’un traumatisme peut se transmettre de génération en génération s’il n’est pas verbalisé.
Editions Librinova – 2022 – Format numérique