Les enfants grandissent, même sans parents – Proverbe japonais
Entre 1854 et 1929, 250 000 enfants ont été déplacés à travers les Etats-Unis. Il s’agissait pour la plupart d’enfant d’immigrants arrivés en masse à New York, vivant dans une extrême pauvreté. Certains avaient leurs parents mais une grande partie d’entre eux étaient orphelins.
C’est l’histoire d’une de ces enfants que Christina Baker Kline nous raconte dans Le train des orphelins. La petite Vivian Daly, neuf ans, arrivée récemment d’Irlande avec sa famille va brutalement se retrouver seule au monde. Elle sera confiée à la Société d’Aide aux Enfants et prendra le train des orphelins où à chaque arrêt des familles, le plus souvent d’agriculteurs, viennent adopter un orphelin qui aidera au travail des champs. En échange, l’enfant est censé recevoir une éducation digne de ce nom.
Devenue une très vieille dame, Vivian se liera d’amitié avec une jeune adolescente placée en famille d’accueil, Molly, qui débarque chez elle pour effectuer quelques heures de travaux d’intérêt général.
Les deux femmes ont de nombreux points communs : une force de caractère qui n’empêche pas d’exprimer une grande sensibilité, des souffrances dues aux changements successifs de foyers d’accueil, aux brimades, aux privations. Les enfants du train n’avaient plus rien, on leur avait parfois enlevé leur prénom pour le remplacer par celui choisi par la famille d’accueil, néanmoins Vivan et Molly, sont toutes deux animées d’une grande volonté de vivre.
Bien que son style ne soit pas des plus ébouriffants, le grand mérite du Train des orphelins est de nous éclairer sur un épisode méconnu de l’histoire américaine et de nous raconter une très jolie histoire d’amitié intergénérationnelle.
Le Train des orphelins fait penser aux orphelins de la Creuse qui est une histoire bien française. Entre 1962 et 1984, plus de 2 000 enfants de l’ïle de la Réunion ont été envoyés en métropole. Pour être « éligibles », les enfants devaient être pupilles de l’Etat mais le système a dérapé et de nombreux enfants ont été enlevés leurs parents sous prétexte de leur donner une bonne éducation.
Editions Pocket – 2019 – 402 pages