Nulle amie ne vaut une soeur (Christina Rossetti)
L’action se situe dans l’une de ces villes qu’on appelle « périphérique ». Antoine fait partie des notables de la ville de Vignes aux Bois. Tout lui sourit : belle réussite professionnelle, belle voiture, femme sublime, enfants parfaits, un mandat de Maire quasiment assuré ; c’est la face cachée de l’iceberg car Antoine a une double vie. Il aime une autre femme et a un enfant d’elle, une fille, Maud.
Et puis, petit à petit, cette belle façade se fissure, la vie d’Antoine et celle de son entourage va littéralement de déglinguer entre manifestations des Gilets Jaunes et révolte adolescente.
Tiphaine Mora a su décrire les affres de l’adolescence, ce moment difficile du passage de l’enfance à l’âge adulte. Comment se faire aimer, se faire des amis, faire partie d’un groupe. Selon son milieu social, la façon dont les parents vous auront aimé, montré le monde, la méthode sera radicalement différente. Maud, issue d’une famille monoparentale modeste, éprouve le besoin d’être sur le devant de la scène, d’avoir une cour autour d’elle, d’être enfin la première. Léa, née « une cuillère d’argent dans la bouche », est beaucoup plus réservée mais elle aussi aimerait faire partie d’un groupe et surtout être aimée pour qui elle est et non pour ce qu’elle est : la fille du maire.
Un roman facile à lire et bien ancré dans notre présent. Mention spéciale pour la description des tourments des jeunes adolescentes et pour les descriptions de soirées en boîte de nuit ; plaisir dont nous sommes privés depuis longtemps.
La ville où dorment les princesses fait penser aux romans de Simenon ou aux films de Chabrol dans lesquels la petite bourgeoisie souvent mesquine court à sa perte entre hypocrisie et lâcheté.
Editions Rémanence – 2022 – 195 pages