A double tour
Madga est écrivaine, c’est une intellectuelle. Emerence est sa femme de ménage, elle n’a pas d’instruction. La première a perdu ses parents, la seconde n’a quasiment plus de famille. Tout les sépare pourtant des liens complexes vont les attacher l’une à l’autre.
Emerence va peu à peu régenter la maison, n’en faire qu’à sa tête comme aucune autre domestique n’oserait le faire. Mais Emerence est bien plus que cela, c’est l’une des grandes figures du quartier, un être bourru mais non dépourvu d’une certaine tendresse qui aime aider les autres à sa manière un peu rude.
Cependant, Emerence a un secret. Nul ne peut passer la porte pour pénétrer chez elle. Emerence ne reçoit personne, pas même les autorités. Derrière la porte, c’est toute sa vie et sa vie n’appartient qu’à elle.
Magda Szabo décrit deux très beaux personnages de femmes qui s’aiment et ne savent pas se le dire. Pour communiquer, elles utiliseront Viola le chien de Magda comme intermédiaire, les personnages principaux sont donc trois. On ne saura rien des circonstances dans lesquelles Magda a perdu ses parents et notamment sa mère. Elle trouvera en Emerence une sorte de mère de substitution.
L’auteure décrit très finement les sentiments de l’une et de l’autre, les conflits intérieurs et les conflits tout court. La Porte pourrait être un livre sur les rapports mère-fille alors même qu’elles n’ont aucun lien de parenté.
Le lecteur est confronté à un autre mystère. De nombreux éléments semblent tirés de la vie de l’auteur, Emerence a-t-elle existé ?
Un très beau livre sur l’amour filial que l’on ait des liens familiaux ou pas.
La Porte a eu le prix Fémina étranger en 2003
Editions Le Livre de Poche – 2017 – 346 pages