Il (ton mari) dominera sur toi. (Bible – Genèse 3.16).
Maryem est une toute jeune écolière. Une nuit, elle est enlevée avec d’autres camarades par des « combattants » de Boko Haram* au Nigéria. Réduite en esclavage, violée, mariée de force à un djihadiste, Maryam parviendra à s’échapper avec sa fille.
Le retour parmi les siens sera plein de désillusions. Comme souvent lorsque des femmes sont victimes, on se demande si elles ne sont pas un peu responsables de leur malheur. Et puis, il y a Babby, l’enfant de la honte, le rappel permanent de ce qu’a subi Maryem, que l’on souhaiterait voir disparaître.
Girl, c’est l’histoire d’une jeune fille qui parviendra à s’accrocher à la vie grâce, et c’est paradoxal, à l’enfant née de son mariage forcé. Le livre est inspiré d’un fait divers de 2014 : l’enlèvement de plus de 200 filles par Boko Haram à Chibok. Le mouvement Boko Haram, formé en 2002, sévit toujours.
Si Girl parle du calvaire des filles, les garçons sont aussi parfois victimes de l’organisation : enlevés eux aussi à leurs familles pour en faire des combattants, engagés volontaires contre la promesse d’une vie meilleure ou la clémence envers leurs familles.
Girl s’arrête sur le destin singulier de ces filles du Nigéria mais en d’autres lieux, d’autres continents, le sort des femmes n’est guère plus enviable. Et la vie des femmes, leur rapport au monde et aux hommes est le thème majeur de l’oeuvre d’Edna O’Brien. Elle a reçu en 2019 un prix Femina Spécial pour l’ensemble de son oeuvre.
Ce roman nous démontre que malgré les coups, l’asservissement, la maltraitance au quotidien, il est possible de recommencer sa vie et d’être enfin libre.
*Boko Haram signifie : l’éducation occidentale est un péché
Editions Sabine Wespieser – 2019 -245 pages